L’Ickabog

A partir de 10 ans • L’histoire se déroule à Cornucopia, grand et paisible royaume où le peuple vit heureux et ne manque de rien. Dirigé par un étrange roi vaniteux, un brin idiot et pourtant complètement vénéré, tout y est organisé, calé selon des rouages bien huilés. Une ville s’occupe du fromage, l’autre de la charcuterie, une troisième des vins et la dernière des merveilleux desserts. Le bon roi Fred sans Effroi, secondé de ses conseillers Lord Crachinay et Lord Flapoon, règne depuis son château dans la Cité, au centre du pays donc, comme son nom l’indique. Tout le monde est heureux, sauf peut-être les « marécageux », ceux qui vident tout au Nord, sur cette terre infertile et hostile. Et c’est justement de là, qu’un jour, l’alerte à l’Ickabog est lancée par un berger dont le chien a disparu. Pour tous les Cornucopiens, l’Ickabog n’était jusqu’ici qu’une monstrueuse créature légendaire destinée à effrayer les enfants pas sages, mais cette fois, le doute s’installe et la crainte monte. Le roi Fred se lance alors dans une romanesque chasse à l’Ickabog, dans l’espoir de rassurer le peuple et redorer son image de héros. Mais l’Ickabog existe-t-il réellement, alors? On ne sait pas. On ne sait plus. Le cupide Lord Crachinay voit immédiatement dans cette situation l’occasion de terroriser et soumettre le peuple à tous les impôts et privations de libertés dignes d’une dictature. Une flopée de soldats partent en stationnement dans les marécages, les arrestations pour haute trahison au roi sous des prétextes fallacieux se succèdent, les habitants disparaissent en pleine nuit, et la menace de l’Ickabog sanguinaire plane toujours sur le royaume…
C’est sans compter le courage de quelques gamins, dont les vies vont tragiquement être bouleversées par les immondes agissements de cet horrible Lord sans morale. Cornucopia, changée à jamais, peut-elle se relever de ce massacre? Mais surtout… L’Ickabog existe-t-il vraiment?

Un conte politique

On se laisse facilement embarquer dans ce récit imaginaire aux teintes moyenâgeuses et aux accents politiques, qui est pourtant bel et bien une critique de nos sociétés modernes et de leurs dérives possibles.
Même si ce roman n’a rien de commun avec les saga Harry Potter et qu’il est inutile de vouloir les comparer, on ne peut s’empêcher d’y retrouver des similitudes, comme ce groupe de quatre gamins qui se battent pour vaincre les méchants, ou ces noms de pâtisseries comme « Nacelles-de-fées » ou « Songes-de-Donzelles » qui ne sont pas sans rappeler les noms des bonbons de Bertie Crochu des petits sorciers de Poudlard. Mais ça s’arrête là et tant mieux. Ici point de magie, de sorcier ou de forces du mal. Quoique… Les forces du mal sont bien présentes mais sous les traits de personnages au pouvoir de cette charmante contrée qu’est Cornucopia.
De quoi parle-t-on alors cette fois? D’une bande de 4 gamins unis par le destin et le courage, et il va en falloir pour survivre et affronter cet homme, ce conseiller du roi parvenu à prendre le contrôle sur le pays et à mettre à sac son économie, sa paix, sa quiétude, les libertés et l’équilibre qui en faisaient un endroit où il fait bon vivre. L’Ickabog démontre, à échelle d’enfant, comment un seul homme cupide, immoral et cruel peut prendre le pouvoir par des jeux politiques, des mensonges (difficile de ne pas y voir les « fake news » de vous-savez-qui), des arnaques, des détournements de fonds. On assiste ni plus ni moins à la mise en place sournoise et grossière d’une dictature.

Points forts

Graphisme 90%
Histoire 100%
Pédagogie 80%
Ludique 100%

Qui a testé?

La maman de Krakotte. Etant de la génération Harry Potter, je n’ai pas pu résister à l’Ickabog. Cette fois, moins de magie certes mais toujours un univers propre et une vraie grande réflexion politique intelligente à hauteur d’enfant.

Les images

La fiche

J.K. Rowling

Gallimard Jeunesse

20 euros