A partir de 7 ans • Les Cubidules sont des bidules… en forme de cube. Un cube-visage posé sur deux pieds, avec trois cheveux pour les « hommes », et cinq pour les « femmes ». Ces étranges personnages verts vivent en Cubidulie, une partie de la Terre qu’ils ont conçue à leur image (c’est leur grand dessein) : tout y est cubique ou carré. Et vert ! Tracé des routes, maisons, véhicules, champs, mais aussi fruits et légumes, arbres, animaux. Enfin, selon la réussite des expériences de ce peuple « ingénieux » : s’ils arrivent à faire pousser des melons dans des cubes en verre, pour ce qui est des salades, poireaux ou concombres en revanche, c’est pas encore ça. Les arbustes, eux, sont taillés, et les animaux qui peuvent l’être, tondus. Et la redoutable PO, la patrouille de l’ordre, veille à ce que rien ne dépasse ou ne change de couleur…
Alors, au premier coup d’oeil, tout cela est bien rigolo, et même mignon (surtout avec ces illustrations de petites bestioles à gros yeux, candides et choupinettes) . D’autant que les descriptions ne manquent pas de détails, notamment sur ces expérimentations absurdes: vouloir rendre un œuf cubique à coups de marteau ou rouler sur une moto aux roues carrées est un peu stupide, n’est-ce pas ? Les petits lecteurs s’en rendent bien compte. Mais rapidement, ils se rendent aussi compte que quelque chose cloche chez les Cubidules. Pour rester verts par exemple, ils sont contraints de ne manger que des légumes verts, et compensent ce régime alimentaire particulier par des gélules. Des assiettes de gélules. Et on comprend que si l’un d’entre eux perd sa couleur, il va en prison… Et pourquoi s’enferment-ils dans un placard (en cube) pour chasser leurs idées noires ? Et pourquoi ont-ils des idées noires d’ailleurs ?
Des éléphants « améliorés »
L’autrice, Eleonore Douspis, veut nous faire réfléchir sur la notion de liberté. Ces Cubidules ne sont pas libres, et ils ont l’air tristes. Surtout, dans leur volonté d’uniformisation, ils font des choses stupides, voire cruelles, comme transformer la nature. Sans doute les petits lecteurs comprendront-ils ce qui cloche quand ils verront comment ces créatures cherchent à fabriquer des éléphants « améliorés », cubiques donc, après avoir capturé tous les vrais… Ou comment ils luttent contre les oiseaux, animal libre par excellence. Heureusement, l’histoire se termine bien : ces faux éléphants fabriqués en usine sont tout de même dotés de conscience, et parviendront à libérer leurs cousins.
En attendant, on a pu apprendre à Krakotte, entre deux fous rires sur ces personnages zinzins, que dans certains pays, encore aujourd’hui, les gens ne sont pas libres de leurs mouvements ou ne peuvent vivre et penser comme ils le souhaitent. Et que c’est triste. Cette BD set une subtile critique du totalitarisme et de la dictature ne manque décidément ni d’humour ni de profondeur.
Qui a testé?
Krakotte à 7 ans. Elle a adoré les dessins, l’absurdité des cubidules mais a très bien compris le message.