A partir de 7 ans • Mortina est une petite zombie. Elle passe une enfance paisible à jouer avec son lévrier albinos, Mouron, dans le vieux manoir de sa tante Trépassée. Elle peut aller où bon lui semble à l’intérieur de la propriété, à la seule condition de ne pas se faire repérer par les gens du village tout proche. Ils faut absolument qu’ils continuent de penser que la villa est abandonnée. Mais Mortina ne rêve que d’une chose: se faire des amis de son âge et jouer avec les enfants, comme une petite fille normale. En attendant, elle joue avec son chien et passe de longues heures à se déguiser et à se maquiller en « vivante ».
Quand, cachée derrière un mur, elle les entend discuter de cette fameuse fête d’Halloween où tous se déguisent en monstre, vampire, momie et autre sorcière, Mortina y voit l’occasion parfaite pour se mêler à la foule sans trahir la promesse faite à sa tante…
Mortina, une enfant presque comme les autres
Ce premier petit roman au ton un peu gothique est vraiment drôle et très tendre, et l’héroïne tout à fait sympathique. Les enfants s’identifient forcément à cette petite zombie qui a exactement les mêmes préoccupations qu’eux: jouer avec des copains et partir à la chasse aux bonbons le jour d’Halloween. La thématique du besoin d’appartenance à un groupe mais également celle de l’acceptation de la différence sont intelligemment amenées et traitées avec la légèreté qu’on attend pour un public de cet âge. Mortina va réussir à se fondre dans le groupe et même être complètement acceptée, y compris une fois son secret révélé. En revanche, le secret restera entre les enfants, de crainte qu’il ne soit pas compris par les grands et que les villageois prennent les fourches pour chasser Mortina et sa tante du manoir.
La dernière page invite d’ailleurs le petit lecteur à faire partie du secret et surtout à le garder! Motus et bouche cousue!
Les adultes seraient donc moins ouverts et moins tolérants que les enfants? Devient-on si fermé d’esprit avec l’âge? L’idée est soulevée mais pas traitée. Mais je crois qu’on connaît tous la réponse…
Les personnages sont adorables: la petite zombie est dessinée sous les traits une petite fille presque comme les autres avec sa petite robe et sa petite barrette dans les cheveux, à ceci près qu’elle a le teint livide, des cernes violettes et la bouche comme une cicatrice. Son chien fantomatique semble tout à fait sympathique aussi malgré ses yeux rouges injectés de sang. A travers les illustrations humoristiques et colorées (aux couleurs d’Halloween principalement), on découvre la chambre d’une petite fille classique avec des jouets, du bazar, des peluches, des livres et des crayons. Il faut bien observer tous les petits détails qui sont très drôles et souvent inattendus.
Des sortes de légendes avec flèches, comme s’il s’agissait d’annotations de Mortina elle-même, ponctuent ces dessins de traits d’humour et commentaires spontanés et un peu décalés. Mention spéciale pour les vraies photos vintages glissées ça et là dans les cadres photos, au milieu des portraits illustrés représentant les membres de la famille: j’ai trouvé ça très drôle.
Des grandes illustrations qui occupent souvent toute la page, peu de texte, l’histoire se lit rapidement et facilement pour les enfants maîtrisant la lecture, à partir de la fin du CP, par exemple.
Un dernier mot sur la couverture rigide, très réussie: l’illustration quasi monochrome et le orange d’Halloween sur la typo du titre et la citrouille attirent bien l’oeil. Ca fonctionne à merveille. Le petit album en lui-même est un joli objet.
Qui a testé?
Krakotte à 6 ans (au CP depuis 6 semaines). Elle a bien accroché sur les dessins et a trouvé la fin cool (je cite). Elle est parvenue à lire quelques morceaux de textes seule.