A partir de 6 ans • D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Barnabus avait toujours vécu dans ce laboratoire. Le laboratoire secret qui se trouve juste au-dessous de la si jolie boutique « Parfaites créatures », où les enfants choisissent la plus mignonne des dernières créations marketing de cette firme. Mi-souris, mi-éléphant, Barnabus, lui, fait partie des créatures « imparfaites », gardées sous cloche et oubliées sur une étagère. Parfois les « combinaisons en caoutchouc vert » lui donnent à manger ainsi qu’à tous ses camarades d’infortune, alors il en déduit qu’ils ne sont pas si mal traités, à cet endroit. Tout de même, Barnabus se demande à quoi ça ressemble au-delà des parois de sa cloche en verre. D’autant que Pip le cafard leur a parlé de choses merveilleuses, comme ce lac aux reflets d’argent et ces montagnes si hautes qu’elles touchent le ciel. S’il veut un jour voir le monde et gagner sa liberté, Barnabus va devoir se dépêcher, parce que le jour du recyclage arrive: on vient d’apposer un tampon rouge « raté » sur la paroi de sa cloche et les combinaisons en caoutchouc vert pourraient revenir vite…
Quelle belle surprise que cet album! La couverture, avec son mélange de « mignonnerie » et ses teintes froides comme une cloche en verre, annoncent d’emblée la couleur: on sent bien qu’on va toucher à de gros sujets dans cette petite histoire. Et effectivement, ce joli format carré intrigue par la contradiction entre le milieu froid et métallique du vilain labo secret et les couleurs joyeuses et vives des créatures, ratées ou pas d’ailleurs, qu’il engendre. Comme guidé par un code couleur pour « le bien » et un autre pour « le mal », le petit lecteur aura vite fait de comprendre ce qui cloche dans ce labo et de prendre parti pour cette petite bande de créatures imparfaites qui n’aspirent qu’à la liberté.
L’album propose plusieurs niveaux de lecture, dans le sens où chaque petit lecteur va y plonger jusqu’à ce qui lui est accessible, mais tous y comprendront les mêmes messages puissants. Pêle-mêle, on y aborde donc l’acceptation de l’autre, le courage et la solidarité, notre société tournée vers le paraître, le consumérisme standardisé et même des sujets aussi complexes que l’eugénisme ou les délicates questions de bioéthique, rendues accessibles aux enfants par le talent des auteurs.
On a adoré les illustrations pleines de détails, on a parcouru maintes fois et avec plaisir ces étagères de créatures adorables, on a discuté ensemble de ces questions morales importantes… et on voudrait adopter Barnabus (ou le petit blob rose pâle. Ou toute la bande des « ratés »).
Bref, on a adoré Barnabus.
Points forts
Qui a testé?
Krakotte à 8 ans. Elle essaie toujours de comprendre en quoi ces créatures sont « ratées ». Ca veut dire quoi d’ailleurs, « râté »?