L’incroyable catalogue des monstres

A partir de 4 ans • Commençons déjà par être très clairs : c’est un de mes plus gros coups de cœur de 2020. Tout y est: l’humour absurde et loufoque et vraiment fin, la tendresse, l’émotion, les illustrations absolument fabuleuses et l’imaginaire sans limite.
On feuillette ici un trésor inestimable: il s’agit du catalogue de monstres personnel d’un éminent professeur « spécialiste des monstres anciens et pas très connus », qui travaille au Muséum d’histoire surnaturelle, au Jardin des plantes carnivores, à Paris. C’est dire si on est dans le sérieux. Dans le dur.
Comme tout catalogue, il s’agit donc d’une énumération documentée. Ici, des individus aussi poilus que dysfonctionnels mais tous (ou presque) attendrissants. Leurs particularités physiques, leur personnalité, leur mode opératoire, leur dangerosité et éventuellement le moyen de les neutraliser sont consignés à côté de leur portrait en pleine page. Une fois la bestiole identifiée, cela permet de parer à toute éventualité. On y découvre notamment toutes les déclinaisons du Tarnanouille: le boiteux, dont le goût certain pour le désordre magistral serait à l’origine de catastrophes comme la disparition des dinos; l’aveugle, qui vit en symbiose avec un autre monstre, l’Ocular globulata; et l’édenté, qui se reproduit en plantant ses propres dents en terre (on apprend notamment que c’est lui qui s’occupe des dents de lait des enfant, en réalité). On a également le Jean-Claude, qui peut boire jusqu’à 7 litres de vinaigre à l’échalote d’une seule traite et péter sans discontinuer durant une heure; ou encore le Niark-Niark, qui fait son nid dans les peluches de nombril. Certains sont inoffensifs, d’autres inutiles et d’autres encore, plus ou loins nuisibles. Toutes les descriptions sont ponctuées de petites notes de type « le savez-vous? », prétextes à une anecdote drôle et absurde. Au fil des pages, on réalise qu’ils sont souvent à l’origine de petites et grosses galères du quotidien, comme les stylos qui coulent dans les trousses, les raz-de-marée, la disparition d’explorateurs allemands, les acouphènes etc…
Krakotte a une tendresse particulière pour le Birabidou, sorte de grosse peluche couleur rose-acajou aussi douce et gentille que chou. Elle a malheureusement été éradiquée de la surface de la Terre, piégée par sa docilité face à l’humain. Moi, j’avoue avoir été émue par le Souffleur des pénombres, qui naît des larmes de tristesse d’un enfant et qui aura le pouvoir d’en consoler un autre, une fois adulte, des années plus tard donc, avant de disparaître: il ne pourra donc jamais consoler l’enfant triste qui lui a donné la vie.

Il s’agira de le relire plusieurs fois pour ne rater aucune blague et prendre le temps d’observer les très belles illustrations. Comme je le disais: tout y est. A la lecture de cet album, on ressent toutes les émotions, mais surtout on rit beaucoup. Et comme dit le professeur dans sa lettre: « …la connaissance et le rire sont des armes efficaces contre toutes les peurs, quelles qu’elles soient ».

Points forts

Graphisme 100%
Histoire 100%
Pédagogie 85%
Ludique 100%

Qui a testé?

Krakotte à 8 ans. Totalement sous le charme de cet album loufoque et drôle. Ses parents aussi.

Les images

La fiche

Grégoire Kocjan

Mateo Dineen

Margot

19,90 euros