Le tour du monde en 80 jours

A partir de 8 ans • Est-il encore possible de réussir une adaptation du Tour du monde en 80 jours de Jules Verne ? C’est-à-dire : est-il possible d’apporter quelque chose à ce classique parmi les classiques, de se démarquer des innombrables adaptations précédentes ? Après la lecture de celle de Jean-Michel Coblence et Younn Locard, on penche franchement vers l’affirmatif. Les deux auteurs expliquent avoir choisi de poser un regard neuf, de notre époque, de dépouiller l’histoire originale de ce qui relevait du commentaire, du regard de Jules Verne (à propos notamment des non-Européens), qui paraît aujourd’hui « condescendant ». Ils ont gardé ce qui leur semblait le plus important : la trame, les dialogues, ont apporté quelques modifications sur les rôles (Passepartout est passé au premier plan, ils ont donné la parole à un personnage féminin), et ont laissé le dessin présenter d’autres points de vue.

Il y a bien sûr, dans ce très bel album, le pari fou de Phileas Fogg avec ses amis membres du Reform-Club, pris en pleine partie de cartes. Oui, la terre a rétréci grâce au progrès des transports, mais la parcourir en 80 jours ??? Il y a bien sûr tout le périple des deux hommes, via les Indes, le Japon, San Francisco, le chemin de fer jusqu’à New York, la rencontre avec les Indiens, la dernière traversée jusqu’à Liverpool, leurs péripéties avec l’inspecteur de police, et le dénouement final.

Il y a aussi le temps, l’élément central qui donne le tempo du récit. Sur les premières planches, Passepartout court dans Londres, montre à gousset à la main, à son entretien d’embauche chez le notable. Premières bulles : « C’est ici… à l’heure pile. Il paraît que monsieur ne supporte pas les retards ». Et puis, après quelques planches dans le salon du club, c’est le départ, l’embarquement sur le premier bateau. Le rythme ne ralentira pas jusqu’à la fin. Les décors défilent, on passe en une page d’Aden à la rade de Bombay. Les escales dans les ports et les travailleurs sur les quais font l’objet de très belles illustrations, de même que la partie indienne : maison coloniale, temple, chemin de fer, et passage à dos d’éléphant dans la forêt. Hongkong, Yokohama, les Etats-Unis se succèdent, avec à chaque fois ce contre-la-montre, symbolisé par l’agitation de Passepartout, qui jure avec le flegme à toute épreuve de Fogg.

C’est d’ailleurs presque sur une course de Passepartout que s’achève l’album, lorsque celui-ci se rend compte qu’ils sont arrivés à Londres au 79e jour, et qu’ils ont encore le temps de remporter le pari. Il prend les choses en main, traîne un Fogg résigné jusqu’au Club, et tous deux apparaissent au dernier (et bon) moment.

Points forts

Graphisme 90%
Histoire 100%
Pédagogie 80%
Ludique 100%

Qui a testé?

Krakotte à 9 ans. Elle a découvert l’œuvre par cette BD.

Les images

La fiche

Jules Verne adapté par Jean-Michel Coblence

Younn Locard

Casterman

14,95 euros