A partir de 8 ans • Maurice est réveillé par sa sœur en pleine nuit. Elle panique. « Ils arrivent ! » Son père, Max, termine les bagages à la hâte. Ils doivent quitter Bruxelles. Nous sommes en mai 1940, et ils sont juifs. Ceux qui arrivent, ce sont les nazis, et la famille de Maurice sait comment ils traitent les juifs. Alors il faut partir, coûte que coûte, et aussi loin qu’il le faudra pour être en sécurité. Ce sera la France, puis le sud de la France, la France « libre » jusqu’à ce qu’elle ne le soit plus pour eux, le Portugal, la Jamaïque…
« La Guerre de Maurice » raconte une histoire vraie, celle de Maurice et de cette famille de trois enfants (Maurice est le plus jeune), leur fuite en train, en bateau. Il leur faut partir, sécher les larmes, s’installer, s’habituer, redémarrer, et recommencer quand la situation l’exige. On vit toutes ces situations au fil des pages et devant les dessins plume et aquarelle d’Enzo Lord Mariano. Les sourires parfois, quand un semblant de vie de tous les jours reprend, et les angoisses aussi, surtout au début.
Ensuite, les tons s’éclaircissent, au fur et à mesure que la famille s’éloigne du danger. Le soleil apparaît. Maurice aussi, le héros, reprend espoir et accomplit petit à petit son rêve : devenir avocat (« papa dit que le droit nous rendra tous égaux »). En tout cas, il franchit les premières étapes avec beaucoup d’opiniâtreté : il se démène pour étudier dans un camp de réfugiés, en Jamaïque, où il passera deux ans avec sa famille. Il est soutenu par ses parents, son père l’aide avec les quelques sous qu’il gagne en fabriquant des objets en cuir, comme à Bruxelles (« L’éducation, c’est tout », dit-il). Avec, il s’achètera un dictionnaire d’anglais. Là-bas, il a fallu recommencer à étudier avec des anciens professeurs parmi les réfugiés, intégrer une école locale, passer son diplôme, candidater pour enfin se faire accepter dans une université canadienne.
L’histoire s’arrête là, quand Maurice prend l’avion pour le Canada, juste après les larmes de son père. Si l’espoir ne quitte pas ses parents (« Ne t’inquiète pas, nous serons de nouveau ensemble un jour »), c’est la nouvelle vie de leur fils qui débute.
Cette histoire, celle de Maurice Fajgenbaum, c’est son fils Cary Fagan qui la raconte. Petit. son père lui parlait souvent de cette période, il l’a d’ailleurs écrite pour la famille. Au Canada, Maurice a changé son nom en Fagan, et est devenu avocat. Il était fier. Il est décédé en 2017, à 89 ans, après avoir transmis l’histoire de sa famille, une histoire de ceux qui doivent fuir. Quand il écrit cette histoire à son tour, son fils garde sur le bureau le fameux dictionnaire d’anglais acheté en Jamaïque.
Points forts
Qui a testé?
Krakotte à 9 ans. Elle a découvert cette partie de l’histoire que nous n’avions pas encore tellement évoquée, avec cette BD. Des questions ont suivit, évidemment. Beaucoup de questions.