Les poissons savent-ils nager?

A partir de 5 ans • Dans la collection « Les Petits Albums Sarbacane », on sait poser les questions essentielles, comme celle-ci : « est-ce qu’un poisson sait nager »? La réponse semble évidente, mais tout dépend de la réalité dans laquelle on se place.
Ici, on part de l’idée saugrenue qu’un jour, les poissons auront le mal de mer… Partant de ce postulat improbable, il ne reste plus qu’à faire sauter les dernières barrières qui brident notre imagination et lire la suite. Les poissons décident donc de vivre sur terre, d’abord en forêt, puis en ville. Mais comme ils se sentent tout nus au milieu des citadins endimanchés, ils dévalisent les boutiques de vêtements. Mais, problème… Quel problème? Ben les poissons n’ont pas d’argent pour payer les vêtements, évidemment! C’est là qu’arrive l’idée lumineuse de pêcher et vendre des crevettes. Et les poissons, eux, ils s’y connaissent en crevettes, pour le plus grand malheur de ces dernières. C’est donc au tour des crevettes de sortir de l’eau pour tenter d’échapper au sombre projet des poissons… A partir de là, tout dérape. Même si c’était déjà un peu le cas.
Dans cet album aussi loufoque qu’une histoire d’enfant (ça tombe bien!), on chahute avec joie l’ordre établi du règne animal. On rit, on rit, jusqu’au moment où on aperçoit le souci: les pauvres crevettes, qui n’ont rien demandé à personne, sont les tristes victimes du comportement envahissant de ces poissons qui n’ont pas su rester à leur place… de poisson. Le parallèle avec les hommes et leur fâcheuse tendance à envahir, exploiter et épuiser cette planète est très vite établi. Celui avec notre société de consommation déraisonnée aussi.
Cette petite fable vraiment bien amenée, résonne dans les petites têtes, comme dans les grandes. Les illustrations au nuancier élégant servent à merveille le texte, avec ces grotesques dames-poisson parées de colliers de perles et autres merlus coiffés de canotiers. Le plus drôle est souvent dans les détails…
Bref, comme dans toutes les fables, on s’amuse du ridicule des personnages, de l’absurdité de la situation, mais on se sent toujours un peu piqué au vif. Mission accomplie donc.